La mosquée du cinquantenaire ou le centre du salafisme en Europe

Marc Denonville, le .

On ne peut parler de la problématique musulmane sans faire référence au fait que dans les années soixante le patronat belge n'a pas hésité à embaucher une main d'œuvre corvéable turque et majoritairement maghrébine. Comme toute immigration, cette communauté, forte aujourd'hui de 600000 personnes, a participé au développement économique de notre pays en contribuant à un enrichissement culturel non négligeable de notre société. Mais au-delà de ces aspects positifs, il faut reconnaître que cette communauté est traversée par des courants rétrogrades qui posent des problèmes parmi lesquels l'influence du salafisme.

Le salafisme est un courant de l'islam sunnite qui défend les pratiques en vigueur dans la communauté musulmane du 7ième siècle énoncées à cette époque par le prophète Mahomet et ses disciples « pieux ancêtres » ou Salaf. Le salafisme est une interprétation du coran d'inspiration néo-fondamentaliste elle-même divisée en trois courants. Si les deux premiers se limitent au prosélytisme religieux ou à l'action politique, le troisième qui se qualifie de « Salafisme Djihadiste » prône quant à lui la violence et la lutte armée pour imposer l'Islam purifié des origines. Rappelons que le djihadisme qualifie une idéologie politique islamiste qui prône l'utilisation de la violence afin d'instaurer des états islamiques. Donc si tous les salafistes ne sont pas djihadistes, tous les djihadistes sont salafistes. On ne peut s'étendre sur les dégâts du salafisme sans évoquer la responsabilité des autorités belges.

En 1967, à la faveur de négociations particulièrement lucratives avec l'Arabie Saoudite sur les prix du pétrole, le gouvernement belge invita le roi d'Arabie Faycal Abdelaziz al Saoud pour lui offrir et lui remettre les clefs de l'ancien pavillon oriental de l'Exposition nationale de Bruxelles organisée en 1880 à l'occasion des cinquante ans de l'état belge. A l'issue d'une longue restauration effectuée aux frais de l'Arabie saoudite, ce bâtiment sera inauguré en 1978 en présence du roi Khaled et du roi Baudouin en tant que Grande Mosquée de Bruxelles. Si elle abrite un centre de recherche dont les objectifs louables sont la compréhension de la religion musulmane et l'apprentissage de l'arabe, il est avéré que la Grande Mosquée avait dès le départ pour objectif de contrôler la communauté musulmane de Belgique en y favorisant l'interprétation saoudienne wahhabite laquelle est étrangère aux composantes maghrébines et turques de la communauté musulmane de Belgique.

Il apparait en outre que le comité de gestion de la mosquée est composé de quatre représentants saoudiens sur huit parmi lesquels trois représentent la Ligue Islamique Mondiale dont les moyens financiers colossaux ont pour but de répandre l'islam wahhabi.

Considérant que wahhabisme et salafisme sont très proches, voir synonymes, plusieurs experts en radicalisme considèrent la Grande Mosquée de Bruxelles comme un centre salafiste qui aurait des ramifications dans toute l'Europe et qui exerce une influence considérable renforcée par les réseaux sociaux. Des membres du corps enseignant témoignent de cette influence négative auprès d'une jeunesse au bord de l'échec scolaire et de plus en plus imperméable à tout raisonnement scientifique ou laïque. Cette influence est particulièrement visible sur une jeunesse en difficulté des quartiers défavorisés de la capitale dont certains, pour donner un sens à leur vie n'hésitent pas à la risquer pour défendre un soi-disant « Etat Islamique ». Ce soi- disant Etat Islamique n'est, rappelons-le, que la conséquence du soutien occidental aux forces islamistes dans le but d'éliminer toute résistance laïque et progressiste dans le monde arabe et qui, entretenue par les médias occidentaux, contribuent à donner une légitimité à l'engagement de ces jeunes.

Elle contribue également à entretenir une image particulièrement négative de l'islam auprès de la communauté non musulmane qui n'est pas étrangère à la percée dans les sondages du ministre NVA Théo Francken, lequel fait ses choux gras du salafisme. Mais au-delà, le salafisme s'alimente aussi des frustrations d'une population musulmane causée par les guerres de l'OTAN contre l'Irak, la Libye et la Syrie souvent considérées comme guerres contre les musulmans. Les scandaleuses exactions de l'état israélien sur la population musulmane palestinienne font le reste.

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