Le pont Morandi en Italie et les incendies meurtriers en Grèce

L'émotion fut unanime en Italie, et bien au-delà, à l'occasion du terrible accident du Pont Morandi dans la ville de Gènes. Pourtant, une moitié des familles a refusé de participer à la cérémonie d’hommage aux victimes et on ne peut que les comprendre car des responsables à l'origine du deuil qui les accable se trouvaient parmi ceux qui présidaient la cérémonie. Mais la responsabilité de la tragédie dépasse de loin les frontières italiennes.

Le mauvais état des routes, des ponts, des chemins de fer, etc., n'est plus un fait rare dans la vie des citoyens européens ; c'est une réalité à laquelle ils sont confrontés tous les jours. En particulier dans les pays les plus adeptes des politiques d'austérité et des privatisations qui constituent le dogme, l'ADN, la nature même de la construction européenne. Dans le cas italien, tous les gouvernements qui se sont succédé depuis les derniers 30 ans : de centre (Prodi), de « gauche » (D'Alema ; ancien communiste), de droite (Berlusconi) ont eu comme dénominateur commun la philosophie de la libre concurrence, de la sous-traitance au privé, des économies budgétaires (le diktat UE du 3 % comme limite indépassable pour les déficits).

Tout ceci sur fond de nouvel ordre capitaliste depuis que la circulation des capitaux ne connaît plus d'entraves et fait que la recherche du profit, qui jadis pouvait se trouver dans les investissements productifs et activités industrielles, a aujourd’hui comme seul tropisme les marchés de capitaux, la spéculation financière, la bourse.

La terrible tragédie de cet été à proximité d'Athènes n'a pas d'explications bien différentes. Sur fond de dérèglements climatiques, il y a l'incurie, la soumission encore aux diktats des politiques européennes. Afin de respecter les directives de la troïka (Fonds Monétaire International, Union Européenne, Banque Centrale Européenne), les gouvernements de Tsipras et de ceux qui l’ont précédé ont pratiqué des coupes radicales dans les budgets de la prévention des incendies ; le nombre de pompiers en activité a diminué radicalement ainsi que celui des avions de lutte contre les flammes. Selon la RTBF, ils en sont parfois réduits à acheter eux-mêmes le matériel de lutte contre le feu.

Le gouvernement actuel peut se réjouir d'avoir, depuis ce 20 août accès aux marchés financiers mondiaux comme récompense des sacrifices endurés par la population. Ce n'est surement pas le sentiment des proches des 96 victimes des incendies d'Athènes.

 


Au sommaire du DR n°70:

  • L’invité du DR : Thierry Deronne, « Que le peuple soit l'acteur principal du combat médiatique »

  • Samir et Domenico, irréparables absences
    Vladimir Caller

  • Prépensions chez Carrefour, « droit » à la déconnexion et « jobs deal » : La guerre continue !
    Martin Willems

  • Réforme des barèmes : l’expérience est passée de mode, place au mérite !
    Bernard Lefevre

  • Le droit de grêve menacé : Solidarité avec les camarades Bruno et Tom de la FGTB d’Anvers
    Guy Stroobants

  • Le pénible cauchemar du député Culot
    Marc Denonville

  • Groupe musical Yorum : « Aucune pression ne fera taire l’art du peuple »
    Marie France Deprez

  • Dans le tourbillon du Congo des années cinquantes
    Un entretien avec Eddy Poncelet

  • Lueur d'espoir au Mexique ; horreur et révoltes en Colombie
    Paul-Emile Dupret

  • La Résistance dans l’histoire du communisme belge
    Nicolas Naif sur l'ouvrage de José Gotovitch, 'Du rouge au tricolore'

  • Face à la mondialisation, le secteur santé comme lieu de résistance ?
    Nicolas Pierre

  • « En guerre »
    Marc Pierret sur le dernier film de Stéphane Brizé

 

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