De sommet en sommet et de menace en menace
Ceux qui s'attendaient à ce que la fin de l'ère Trump apporte une politique plus tempérée dans les relations internationales auront été déçus par la présidence Biden, en lisant les décisions du 28e sommet de l'OTAN qui vient d'avoir lieu à Bruxelles. Pas vraiment étonnant puisque ce dernier fut, pendant sa longue carrière politique, toujours favorable aux guerres "humanitaires" de l'OTAN. Ce n'est donc pas un hasard s'il a nommé Anthony Blinken, pourfendeur de Trump parce qu'il n'allait pas assez loin dans la guerre contre la Syrie, au poste de Secrétaire d'Etat et comme Conseiller à la sécurité nationale, Jacob Sullivan, dont Wikileaks avait dévoilé, en décembre 2012, un mail où il faisait savoir, visiblement ravi, à Hillary Clinton qu'Al-Qaeda se joignait à la guerre contre le gouvernement syrien.
Ainsi ce dernier sommet a renforcé les grandes lignes des sommets précédents pour ce qui est d'exiger des pays membres d'augmenter leurs cotisations à l'OTAN à hauteur de 2 % de leur produit intérieur brut (ce qui pour la Belgique signifierait passer du simple au double, à savoir d'environ 5 à un peu moins de 10 milliards €). Encourager l'élargissement de l'OTAN en dehors de "l'Atlantique Nord" fut une autre de ses conclusions (c'est déjà le cas via des accords de coopération avec Israël et la Colombie, deux piliers des politiques atlantistes). La particularité cette fois étant le net ciblage par l'OTAN de la Russie et de la Chine. Le document officiel les condamne, sans rire, comme des puissances se permettant de "renforcer leurs potentiels militaires" et cherchant à avoir une "influence croissante dans les politiques internationales".
Pendant ce temps chez nous, l'effondrement d'une école en construction à Anvers qui a fait 5 victimes et plusieurs blessés, tous des travailleurs détachés venus d'Europe de l'Est, témoignait de ce mécanisme pervers imaginé et mis en œuvre par l'UE pour stimuler la concurrence/dumping de la main d'œuvre au profit du patronat. Le domaine est tout à fait autre mais l'esprit ''austéritaire" de l'UE flânait aussi par là lorsque les négociations des accords interprofessionnels (AIP) envisageaient des décisions attentatoires aux droits des travailleurs. La décision de répondre aux organisations syndicales de dépasser la norme salariale de 0,4% dépendra, elle, du gouvernement. La disparité entre ces limitations salariales et les plantureux dividendes engrangés par les actionnaires laisse présager de fortes mobilisations lorsque l'arrêté royal sera publié.