Fin des années soixante, Jean Moulin, jeune doctorant belge en physique théorique, très engagé à l’époque dans son activité de militant communiste, renonce à la sécurité d’un poste de chercheur qui lui est proposé à l’ULB, et « opte pour l’aventure », il postule pour une bourse de chercheur à l’Institut unifié de recherche nucléaire (IURN) de Doubna (URSS), l’obtient, et y débarque en avril 1971.
Doubna est le titre que porte l’ouvrage publié aux éditions Memogrammes (en co-édition avec le CArCoB), par lequel l’auteur, Jean Moulin, nous fait vivre cette exceptionnelle rupture de pays, de langue et de mode de vie. Par le biais du récit de son installation, des soucis de la vie quotidienne, des relations qu’il noue avec les autres chercheurs de l’Institut, l’auteur nous offre, par petites touches, une vision très vivante de la vie des Soviétiques.
Artiste, auteure de livre pour enfants, critique littéraire, dramaturge, écrivaine, éditrice, enseignante, essayiste, femme d'affaire, journaliste, librettiste, nouvelliste, professeur de littérature, Toni Morrison nous ramène constamment au monde.
« C’est parti ! En route pour l’enfer ! » Le Hakkō-maru lève l’ancre pour 4 mois de pêche dans les eaux inhospitalières de la mer d’Okhotsk. Il emmène un contingent de 300 ouvriers, machinistes, marins et pêcheurs recrutés sur l’île d’Hokkaidō. Paysans expropriés et endettés, ouvriers itinérants privés d’emploi, anciens mineurs, étudiants en situation précaire forment une main d’oeuvre hétéroclite soumise et incapable de s’associer pour lutter pour leurs droits. Éloignés de leur famille, soumis à des températures polaires, mal nourris, dévorés par les parasites, ils pêchent le crabe et le conditionnent à bord de ce bâtiment confisqué à l’Empire russe à l’issue de la guerre russo-japonaise (1904-1905). Abandonné à l’état d’épave pendant des années, l’ancien transporteur de troupes a été converti en crabier.
Les mystiques du Moyen Âge, disait Friedrich Engels, avaient déjà une conscience de classe lorsqu'ils rêvaient de l'approche d'un règne millénaire. Faire connaître la vie et surtout les luttes des très anciens combattants des luttes populaires de la Turquie médiévale, c'est l’un des objectifs que s'est donné notre ami Bahar Kimyongür, en nous présentant l'itinéraire de vie et de lutte de Beurkludjè Mustafa. Ce paysan mystique et rebelle, appelé Percligia, sut associer la sincérité de ses croyances en un « règne millénaire » avec le devoir de se battre pour que ses proches puissent, en attendant, jouir d'un règne terrestre juste ou pas si injuste.
Joseph Ponthus, né en 1978, nous livre ici son premier roman qui lui vaudra le grand prix RTL-Lire de 2019. Il y décrit par le menu, une expérience de travailleur intérimaire, dans une conserverie de poisson puis dans un abattoir. L’auteur, titulaire d’une prépa littéraire à Reims, a exercé pendant une dizaine d’années en tant que travailleur social dans la région parisienne. Il avait alors écrit en 2012, avec quatre jeunes de banlieue Nous…La Cité aux éditions Zones.
Dans ce roman, l'auteure entrelace la voix exaltée d'une femme et celle de plus en plus révoltée de Georges Bernanos à propos de la "Guerre d'Espagne". Au soir d’une longue vie, Montse, mère de la narratrice, n'a plus de mémoire mais se remémore pourtant ce bel été 1936. Elle venait d’échapper à une existence servile. Elle était allée solliciter une affectation de bonne auprès des Burgos, de riches propriétaires qui régnaient sur leur immense hacienda. Jaime Burgos l'avait toisée : «Elle a l’air bien modeste! » et l'avait engagée.